Information et Liberté

N'ayant pas de propension particulière à tirer sur les ambulances, je ne commenterai pas la responsabilité reconnue d'Internet Explorer  dans l'attaque dont Google a été victime en Chine. Distancé désormais par Firefox, et officiellement déconseillé par la France et l'Allemagne, le navigateur  propriétaire de Microsoft continue sa lente et inexorable plongée.
Par contre, les démêlés de Google avec de « mystérieux » cyber-attaquants qui ont visé des défenseurs des droits de l'homme, et ont pu pirater des boîtes e-mails de journalistes étrangers  avec une maestria étonnante, devrait bien plus retenir notre attention.
Bien entendu, il n'y a aucune preuve que le gouvernement chinois soit impliqué, même si les victimes de ces attaques font partie de ses cibles préférées, même si sa seule réaction a été de rabâcher que « les groupes étrangers doivent respecter la législation et les coutumes chinoises », même si depuis 2006, il oblige Google à censurer ses résultats de recherche, à tel point que la firme américaine a fini par déclarer récemment que « les tentatives répétées du gouvernement de limiter la liberté de parole sur le Web» la forçaient à «revoir la faisabilité de ses opérations en Chine».
Bien entendu, il n'existe aucune corrélation avérée entre cette sortie vertueuse, mais tardive, de Google et le fait que depuis 2006, il n'ait pas réussi à s'imposer en maître sur le web chinois.
Mais laissons là le Bal des Mots dits , pour passer au Fantôme de la Liberté .
Faisons un test: que ceux qui pensent que le modèle chinois en matière de gestion de l'internet est un cauchemar, et qu'il ne saurait susciter qu' opprobre et indignation, lèvent la main...
C'est bien ce que je craignais.
Eh bien non, il peut à l'inverse susciter des envieux, faire des émules, et pas seulement dans les pays rongés par la gangrène totalitaire.
Echelon ? Hérisson ? Ça ne vous dit rien ?
Laissez-moi vous éclairer: le réseau ECHELON est  issu, en 1948, pendant la Guerre Froide, d'un pacte connu sous le nom d'UKUSA, passé entre les États-Unis et le Royaume-Uni et qui qui consiste à recueillir des informations militaires sur l'Union Soviétique.  Par la suite, trois autres pays ont rejoint l'alliance : Le Canada, L'Australie et la Nouvelle-Zélande. Depuis la fin de la Guerre Froide, le système a été réorienté : désormais, ce sont les informations économiques et privées qui intéressent ce gigantesque système d'espionnage couvrant l'ensemble de la planète.
Ce réseau électronique est capable d'écouter et d'analyser en temps réel des conversations téléphoniques, fax, courriers électroniques, messageries, forums, lui  permettant de rapporter vers la National Security Agency (NSA) américaine quantité d'informations, y compris les bons voeux que vous avez adressés à votre tante, surtout  si vous y avez mentionné le nom du président des Etats-Unis...
Depuis les attentats du 11 Septembre 2001, la plupart des pays occidentaux ont adopté des lois qui autorisent la surveillance de l'ensemble des communications sur Internet: les mails, mais aussi les sites visités, les pages consultées, le temps passé sur chaque site, ou encore les participations à des forums. Mais la France? Pas la France, quand même ? Mais si.
HERISSON (Habile Extraction du Renseignement d'Intérêt Stratégique à partir de Sources Ouvertes Numérisées) est français (cocoricoooo!). D'après son cahier des charges, qui date d'avril dernier, il devrait : surveiller les médias traditionnels (TV, radios, journaux…etc), surveiller les médias en lignes (sites de presse, blogs, forums, réseaux sociaux..etc), surveiller les communications publiques (chat IRC, mailing list, forums, newsgroups, p2p…etc) , reconnaître du contenu vidéo, audio, images , textes, y compris dans des e-mails, et même analyser tout ce contenu pour y détecter un « objet » (personne, véhicule, arme, drapeau, ...?), bref, tout ce qui transite sur les réseaux est visé.
Alors, bien sûr, on essayera de nous vendre de la surveillance sous le bel emballage de la sécurité, mais ne nous y trompons pas: que ce soit sous couvert de lutte contre les terroristes, les pédophiles, ou les ratons-laveurs, c'est bel et bien l'adage: « celui détient l’information, détient le pouvoir » qui est mis en application sous nos yeux par tous les gouvernements de la planète qui en ont les moyens...